Maybe you need me ? - Archie & Jenna

Brisbane. Ta vie entière est là-bas, ton âme est là-bas, mais plus important : ton coeur est là-bas. Tu ne passes pas un seul jour sans penser à la vie que tu menais il y a encore trois mois de cela. Tu y as vécu les plus belles et les plus horribles choses de ton existence, et pourtant, tu es attachée à cette ville. Tu ne sais pas pourquoi, tu le sais, c’est tout. Plus le temps passe, ici, à East Gippsland, plus tu regrettes d’être partie de ton cocon. Ton couple bas de l’aile, ta famille ne te parle toujours pas, tu fais des efforts, en vain. Tu es fatiguée, fatiguée d’essayer. Tu as besoin d’une pause, loin de tout, loin d’eux. Alors, la seule échappatoire qui te viens à l’esprit, c’est d’aller à Brisbane. Y faire quoi ? Tu n’en as pas la moindre idée, tu veux juste partir. 

(…)

Te voilà, de nouveau, sur le quai de la gare de ta ville—ton ancienne ville. Tu ne sais pas vraiment ce que tu viens de faire, tu ne réalises pas encore. Comment vas-tu rentrer après ça ? Seulement, tu ne peux pas laisser ton mari et ta petite fille derrière toi. Il faut que tu affrontes la réalité et que tu assumes les conséquences de tes actes. Comment vas-tu expliquer à ton mari que tu as passé la nuit avec ton meilleur ami ? Comment vas-tu lui dire que son comportement t’a poussée à partir, à t’éloigner de lui, de ta fille ? Ton cerveau bouillonne, il est à mille à l’heure. Tu attends ton train, et tu pries pour que Mike ne vienne pas te voir sur le quai. Tu veux partir, tu as honte, tu ne veux partir sans te retourner. Tu sais que ça va finir par t’exploser au visage, tu l’as déjà fait—tourner le dos à des êtres chers. Seulement, tu ne peux pas l’affronter lui, maintenant. Tu montes dans le train, tes pensées sont en vrac, tu ne sais plus où donner de la tête. Tu coupes ton téléphone, tu ne veux pas qu’il te contacte, tu veux oublier la nuit dernière. Mais, tu ne veux pas non plus l’oublier, ça avait compter pour toi— même un peu. Tu finis par t’endormir, l’esprit agité.

(…)


Tu contemples la porte de la maison que tu as avec Archie, ton mari. En bois clair, tu la trouves magnifique. Tu ne sais pas comment affronter la réalité, tu ne sais pas comment passer cette porte, te retrouver à l’étroit entre ces murs, expliquer cette trahison à ton mari. Tu prends une grande inspiration, puis, accompagnée de ton sac de voyage, tu pénètres dans ta maison, qui te semble bien étrangère tout à coup.

« C’est moi ! Je suis rentrée ! ».

Tu attends de voir arriver ton mari et ta fille. Tu ne veux pas les décevoir, aussi, tu plaques un sourire sur ta bouche, tu sais qu’il parait faux, mais tu décides de ne rien dire.