maman m’a dit faut se faire discret,
mais c’est tellement mieux quand on me regarde.
sourire,
blabla mes condoléances blabla désolé,
sourire,
même mascarade,
spectacle tout pathétique, il y a tout le monde. tout son monde pour lequel je ne suis rien, personne sinon un usurpateur. ceux qui jaugent, comme s’il y avait une échelle de la tristesse, un algorithme, un théorème pour justifier un comportement plutôt qu’un autre. j’ai fait ce qu’elle voulait lola. et elle voulait ce putain de mariage, c’était déjà plié à ce moment. c’était un au revoir en blanc. sa plus belle robe. j’ai fait mon deuil ce jour-là.
pas maintenant qu’on porte du noir pour dire à quel point elle était courageuse et merveilleuse. à quel point c’était une fille et une femme formidable. j’me demande ce qu’ils peuvent dire à l’enterrement de criminels, meurtriers.
« il n’a planté qu’une seule fois son couteau, c’était rapide, sans souffrance. »
il y a rien à dire en vérité, ni en bien, ni en mal. il y a plus rien à faire. nous sommes de la chair sur des os faite pour expirer. on regarde la pierre de l’église, le très gris des murs et on se chante une musique débile pour ne pas y penser.
pour ne pas penser à toi, lola.
sans regarder le ciel, t’as pas besoin de partir, ils ont pas besoin de pleurer.
tu restes, c’est tout.
tu te réveilles juste à côté de moi, c’est ce que tu devais faire lundi. t’avais qu’à te réveiller à côté, comme tout le temps, me traîner hors du lit. enlever la couette, tirer les rideaux, ouvrir la fenêtre.
j’ai pas changé les draps. comment j’pourrais?
eux ils pleurent, tu vois, ils ont toute la peine du monde ce matin, maintenant. mais c’est moins tragique que tout cet argent qui se volatilise on l’savait. c’était logique, pour eux seulement.
ce matin je voulais pas de ces regards tu sais, je voulais pas qu’on scrute l’abîme de mes nuits. c’est dégueulasse, intrusif. et on t’appelle, les jours suivants pour simplement te demander:
- ça va ??
pourquoi c'est toi qui part et pas cette bande de cons ?
- tu portes pas ton alliance ? t’es vraiment un fuckboy jeff; elle mate la photo, celle de lola, celle que j’ai laissé. elle mérite pas d'atterrir dans un carton lola, au fond du grenier avec ma mère et mes grands-parents. je plaque le cadre contre le meuble pour qu’elle cesse de décortiquer tout mon intérieur pour raconter toutes ces conneries.
je fronce les sourcils. « j’vois pas ce que ça peut te foutre. » elle aussi fronce les sourcils. sûrement qu’elle a pas l’habitude d’se faire rembarrer quand elle s’amuse à remuer la merde. les filles à papa y a rien de pire à l’aube du réveil. « si ça t’intéressait vraiment t’aurais remarqué ça hier soir, mais t’es une salope donc. » elle me fout une tarte, forcément, ça fait pas plaisir. moi j’ai rien à rajouter à part un sale petit rictus entendeur. elle peut se donner des grands airs de princesse si elle veut, c’est pas un problème que je sois marié ou non au contraire- elle en tire une sorte de fierté dégueulasse pour ensuite me faire la morale. « tu sais ce qu’on dit sur toi ? » j’hausse les épaules, c’est pas important ce qu’on dit- j’ai jamais été un modèle d’intégrité. mais j’ai pas la curiosité, l’énergie de supporter son petit speech à six heures du matin. « ça m’intéresse pas. » je réponds du tac au tac pour lui couper l’herbe sous le pied alors qu’elle crie intérieurement de toute son exaspération.
j’lui balance sa petite culotte signe qu’il est temps de partir, elle me lève ce majeur -rageur- avant de disparaître avec le reste de ses affaires. voilà pourquoi les gamines c’est chiant.
Pseudo : quincy. Age : l'âge de glace. Pays : le mordor. Comment tu nous as trouvé : sur bazz. Un petit mot à ajouter ? Type de personnage pré-lien pas créée.
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daniel brühl [color=#ff0000]∎[/color] jeff lindberg